Puisqu'on ne peut pas aller en arrière, autant aller en avant.
Prologue.
Je les entend arriver. Ils sont nombreux. On ne tiendra pas longtemps. J'entends la porte craquer.
Ca y est. Ils sont cinq. Mon père sort un couteau et réussit à en poignarder un. Mais la différence entre eux et lui, c'est qu'eux, ils sont formés pour tuer. Tuer. Encore tuer. Toujours tuer.
Un des assassins sort une lame de mon fourreau. Ma mère sait ce qu'il va faire. Elle se met devant moi pour que je ne vois pas. Pourtant, je suis comme hypnotisée par ce spectacle de mort. C'est comme un ballet.
L'assassin qui a sorti son arme s'approche de mon père. Lui, ne peut plus rien faire. Ma mère crie. J'entends un petit bruit. Comme quand on coupe une tranche de gibier.
Celui que j'appelle papa ouvre grand les yeux, à cause de la douleur. Le sang gicle partout. Il m'éclabousse. Et puis, il tombe.
Ce n'est visiblement pas fini. On attrape ma mère et la jette par terre. Elle me fait penser à un pantin démantibulé...
"
MAMAN !"
Elle se redresse un peu et me regarde en souriant une dernière fois. Elle n'a jamais été aussi belle, à mes yeux, avant aujourd'hui. Je compte sauter pour empêcher que le couteau s'abatte sur elle. Mais elle me fait comprendre de ne pas m'avancer. J'obéis. Je pleure. Je regrette. Je redresse la tête au moment ou son cou est transpercé.
Mon sang ne fait qu'un tour dans mes veines, quand je la vois s'affaisser, avec un dernier rictus de douleur sur les lèvres.
Elle est morte. Elle ne vivra plus jamais. On ne pourra plus aller en ville pour regarder les robes. On ne fêtera plus son anniversaire... Et celui de Papa non plus, d'ailleurs.
Tout est fini.
Je me relève et cours jusqu'à l'ancienne arme de mon père. Je l'attrape. Regarde pendant une demi-seconde mes ennemis. Pense à la famille qu'ils ont.
Mais je me rends compte que c'est
ma vie, ou la leur.
Le choix est vite fait.
Je vivrai pour me venger.
Je fonce vers eux, le couteau devant moi. Je dois faire peur, j'ai mes longs cheveux bruns foncés tout emmêlés, mes cernes énormes, mes yeux dans lesquels brillent la colère, la tristesse, la douleur... Et aussi l'envie de voir leurs corps détruits.
Je me vengerai une autre fois, je n'ai pas beaucoup de temps.
Je sens mon couteau s'enfoncer dans le corps d'un premier homme. Je recule et replante. Encore une dernière fois. Son sang, ce liquide écarlate si agréable à regarder pour moi, m'éclabousse. Ma robe est devenue rouge. Mon visage reflète la haine que je ressens. Je les tuerai tous. Je tuerai l'Humanité pour me venger.
Il tombe sans un bruit. Ses coéquipiers le rattrapent.
Je comprends que je ne pourrais pas tous les tuer.
Je repars dans l'autre sens. C'est le seul moyen.
Mes mains poussent les volets. Et je saute.
Je me sens tomber. Peut être vais-je m'envoler ? Mais non. Je m'écrase au sol.
Je ne suis pas morte. Mais je suis inconsciente.